Quand on parle d'abeille, "miel et piqûre" sont les premiers mots auxquels les gens pensent, selon le meliponiculture Gerson Pinheiro. L'expert explique que peu de gens savent que ces insectes ont la noble tâche de polliniser les fleurs de 73 aliments du monde. Vous devez apprendre que le principal produit offert par les abeilles est la pollinisation et non le miel et ses dérivés, déclare Flavio Yamamoto, responsable de l'environnement qui, avec Pinheiro, a fondé l'ONG SOS Stingless Bee Rescue. Il y a environ 300 espèces différentes cataloguées au Brésil aujourd'hui et presque personne ne les connaît", déclare M. Yamamoto. Les experts ont pour mission de clarifier le manque de connaissances sur les abeilles dans le pays par le biais de conférences et de projets d'éducation environnementale. Le projet a été créé dans l'idée de faire connaître l'importance de ces insectes dans le maintien de la biodiversité brésilienne. L'ONG sauve également des essaims qui seraient jetés et les place dans un autre endroit pour assurer leur survie.
Gardiens de la biodiversité
Le gros problème qu’on a depuis longtemps au Brésil, ce sont les monocultures. Les abeilles doivent visiter différents types de fleurs pour obtenir différents types de substances afin de se nourrir, explique M. Pinheiro. Il précise également que la plupart des abeilles brésiliennes sont sans dard et peuvent être élevées dans n'importe quel jardin. Les abeilles sont plus productives, font un miel de meilleure qualité et ce miel n'est pas vendu en raison de l'absence de réglementation.
"La plante du fruit de la passion, par exemple, dépend uniquement et exclusivement d'une abeille brésilienne appelée « mamangava ». C'est exactement la bonne taille pour cette plante. Si on tue le bourdon, il n'y a aucun moyen de polliniser le fruit de la passion. Selon M. Pinheiro, d'autres abeilles plus petites visitent même la fleur, mais ne peuvent atteindre l'organe femelle de la plante. En bref, on ne peut jamais avoir trop d'abeilles. Plus il y a d'abeilles dans les environs, plus il y a de plantes, de fleurs et de fruits dans la région, ce qui fait que les arbres fructifient davantage et libèrent plus de graines. Les abeilles augmentent de manière naturelle la quantité de plantes. M. Yamamoto souligne qu'il existe des études qui prouvent l'efficacité de la pollinisation par les abeilles dans la plantation de fraises, par exemple. Cette action s'améliore en 50 productivités et 70 qualités de ces fruits.
Les abeilles brésiliennes méprisées par la législation
Le sauvetage des abeilles sans dard est aujourd'hui le principal projet de l'institut ATA, affirme Bruno Zucato, coordinateur exécutif de l'organisation créée par le chef Alex Atala. On travaille pour mobiliser les gens sur la question et pour que la commercialisation du miel soit autorisée par la législation. M. Zucato explique qu'il y a un double rôle dans cette question, qui implique la sensibilisation de la population et le développement de la chaîne de production. L'idée est de générer des recherches qui encouragent les changements dans la législation.
Il n'existe pas de législation pour la création d'abeilles indigènes au Brésil. Au ministère de l'agriculture, le produit de nos abeilles n'est pas considéré comme du miel. Seule celle produite par l'abeille européenne (Apis mellifera), une espèce exotique, fait l'objet d'une réglementation pour être vendueâ, explique Yamamoto. Cela se produit, selon lui, parce que le ministère a déterminé que le miel doit avoir une humidité inférieure à 18%. Ceux produits par les abeilles brésiliennes ont un taux d'humidité compris entre 20 et 30%. On a le meilleur miel, mais on ne peut pas le commercialiser en raison de l'absence de lois pour cela. D'une certaine manière, la législation favorise la destruction des abeilles nationales, ajoute-t-il.
ATA a un travail d'approche et de contact avec la sphère publique pour que cette situation puisse être transformée juridiquement, dit Zucato. Selon lui, la recherche sur les caractéristiques des miels et la façon dont ils doivent être développés pour atteindre le marché se fait par le biais de contacts avec les petits agriculteurs et les communautés autochtones à travers le pays.
Le danger des produits agrochimiques
Flavio Yamamoto prévient que les pesticides affectent le système d'orientation spatiale des abeilles, ce qui rend difficile leur retour à l'essaim dont elles sont issues. Les pesticides interfèrent également dans la recherche de nourriture. "Il est extrêmement dangereux d'élever des abeilles, avec ou sans dard, à proximité de grandes plantations. Vous courez le risque de consommer du miel contaminé.
"La première grande politique publique qui peut transformer cette réalité est l'éducation à l'environnement", souligne Gerson Pinheiro. L'expert estime que les initiatives motivées par la transmission de connaissances sur l'importance et la nécessité des abeilles peuvent donner lieu à des lois qui favorisent la croissance de l'agriculture urbaine et de l'agriculture familiale biologique. "Les gens tuent ces insectes non pas par dépit, mais par manque de connaissances", ajoute-t-il.
Dans la ville de Sao Paulo, il est courant de voir la spéculation immobilière tout détruire pour construire des immeubles. On va dans ces endroits où il y avait des essaims pour les sauver. Avec une liste de gardiens qu’on a dans l'ONG et des personnes qui sont intéressées pour avoir un essaim chez elles, on s’assure que l'essaim survit. Il devient une source de diffusion de la connaissance et c'est en cette multiplication qu’on croit, déclare M. Pinheiro. Yamamoto explique que tout le monde peut avoir un essaim chez soi. Pour cela, il suffit de prendre soin d'eux et de mettre des plantes en place.
L'ONG, en partenariat avec l'Institut ATA, a organisé en novembre dernier une conférence suivie d'une dégustation de miel provenant de différents écosystèmes du pays. L'événement visait à informer les personnes présentes de l'importance de préserver les essaims et à montrer que le palais conditionné au goût du miel conventionnel que l'on trouve sur les marchés peut être surpris par les différentes productions des abeilles indigènes